vendredi 23 avril 2010

Border Line

Après nos nombreux soubresauts à Paris, nous voilà rendus au soir du 15 avril devant la police canadienne des frontières.
Il y a assez de guichets ouverts pour absorber deux Airbus 340. Contraste saisissant avec les contrôles PAF et sécurité vécus péniblement 8 heures auparavant à Paris.

A peine le temps d'admirer le décor que nous sommes invités à passer la ligne jaune et entendre nos premiers mots de québécois.
Le douanier fort courtois s'enquière de notre durée de séjour et intrigué par les 30 jours de voyage, s'inquiète de la scolarité des enfants, nous fait parler de notre itinéraire.
En cinq minutes, il se sera assuré intelligemment et fort subtilement de notre situation professionnelle, de notre hébergement et de notre date de retour.

Le passage de la frontière entre le Canada et les USA est d'un autre acabit.
Je n'ai jamais testé la frontière routière.
Par contre, je me souviens il y a une vingtaine d'années d'une crise de fou rire lors d'un contrôle aéroportuaire : détenteurs de passeports français, émis par le consulat de France à Madagascar, avec des visas d'entrée délivrés par l'ambassade US de Tananarive aux membres de ma famille nés soit en France soit au Vietnam. Visiblement trop compliqué pour l'agent des douanes qui, au bout de 30 mns d'un cours d'histoire géographie, en a conclu que Madagascar est un département d'outremer, situé près de la Guadeloupe.

18 avril 2010, nous testons le contrôle dans le wagon restaurant de la liaison Amtrak Montreal-New York.
Le trajet est prévu pour une durée de 11 heures. Ce qu'Amtrak ne précise pas c'est que l'arrêt pour permettre l'examen des passeports dure près d'une heure trente et impactera forcément notre horaire d'arrivée.
Un premier douanier traverse les 5 wagons et récupère les cartes de débarquement (une par famille, merci !). Si vous n'êtes ni Canadien, ni Américain, vous êtes invités à vous rendre au wagon restaurant.
Là, chaque détenteur de passeport doit remplir une demande d'exemption de visa (inutile de la remplir en ligne au préalable...ce n'est nécessaire que si vous prenez l'avion). Nous remplissons scrupuleusement nos 5 formulaires...et déclarons que nous ne sommes ni drogués, ni terroristes, ni nazis, etc.
Omission volontaire de déclarer le pique nique planqué dans nos valises, car oui je préfère que mes enfants déjeunent de fruits et légumes aux OGM interdits d'importation, plutôt que des snacks aux acides gras saturés vendus par Amtrak au prix d'Amtrak.

Notre petite famille modèle est à peine questionnée sur le but de ce voyage, contrairement à quelques voyageurs masculins esseulés qui subissent un interrogatoire fastidieux.
6 dollars US par passeport, c'est le prix à payer pour notre autorisation à admirer la bannière étoilée.


Avec de larges et longs sièges inclinables avec repose mollets et pieds, cette liaison Amtrak n'a rien à envier aux premières classes françaises.
Une prise de courant par siège, mais wifi payant et un bruit terrible pour la climatisation. Les rails semblent mal adaptés aux wagons, cela secoue un peu et semble ralentir le rythme.

En réservant en ligne, certaines promotions peuvent vous être proposées : nous avons réglé 300 $ canadiens pour 5. Départ de la gare centrale de Montreal tous les matins, arrivée le soir à Penn Station à Manhattan.
Notre train, l'Adironrack, traverse l'Ontario, longe le lac Placid, et avance tranquillement à travers l'état de New York droit vers le sud. Il sillonne dans les plaines agricoles et longe de nombreux ranchs, et à part la provinciale Albany, il y a davantage de bourgs que de villes.
Le trajet croise de nombreux canaux enjambés de petits ponts, sortis tout droit d'un film digne de Meryl Streep et Clint Eastwoood.
Suivent ensuite les bords de la rivière Hudson et les chicissimmes maisons du Connecticut avant l'arrivée dans la grosse Pomme.

Grâce au long contrôle douanier, nous arrivons avec 1h30 de retard sur l'horaire prévu.
Il est près de 22 heures quand nous foulons enfin le sol new yorkais.

Penn Station est une gare immense et entièrement souterraine. Elle concentre une station de métro, des liaisons vers la banlieue et le New Jersey, ainsi que les départs vers les grandes villes de la côte Est et le Canada.
Elle abrite un nombre impressionnant de SDF, échoués dans la ville des lumières.

Surmontée de Madison Square Garden, Penn Station est la gare idéale pour nous permettre de trouver en 4 minutes notre hôtel, angle de la 31e rue et de la 7e avenue.

Bienvenue à Manhattan !

1 commentaire:

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