Mardi 4 mai
Pluie et morosité sont balayées par un beau soleil.
Direction plein Est pour découvrir la Gaspésie.
Cette contrée décrite si lointaine par les Montréalais, fait partie intégrante de la province Québec.
Pourtant la rive sud est fort différente de sa soeur de l'autre côté du fleuve.
Les côtes gaspésiennes sont très sauvages et présentent à la fois la rusticité des falaises de la route du littoral à la Réunion et la beauté de la côte ouest américaine entre San Francisco et Los Angeles.
Les longer en croisant quelques villages balnéaires désertés est un vrai plaisir. Le nombre d'établissements hôteliers et gîtes fermés pour l'intersaison laissent à penser que la région doit être prisée l'été.
Nous quittons la côte pour quelques heures dans les terres, dans le Parc national de Gaspésie.
Réputé pour être un des plus beaux parcs de randonnée du Canada, il n'a pas failli à sa renommée.
La route qui nous y conduit est ponctuée de panneaux prévenant de la collision avec les caribous.
Le site est dominé par le Mont Albert et il reste encore de la neige à de nombreux endroits. Les sentiers de montagne sont encore fermés mais les sentiers faciles de moins de 5 kms et sans fort dénivelé sont ouverts à l'année.
Une fois n'est pas coutume, nous trouvons à disposition une carte des randonnées pédestres.
Je sens vraiment ma grossesse comme un handicap car la description des différentes ballades est alléchante et les sentiers peuvent aller jusqu'à 17 kms, distance que nous savons parcourir sans problème avec nos petits Sakados.
Nous nous contentons donc d'une promenade de 3 kms, le sentier de la lucarne.
A peine entrés dans les bois que nous manquons d'écraser des crottes fraîches. Mais qui a abandonné autant d'excréments ?
Droit devant nous, en train de brouter tranquillement des jeunes pousses de sapins.....un orignal !!!
Peu farouche, la bête se laisse approcher jusqu'à un rayon de 2m50 qui constitue son périmètre de sécurité. Gris comme un âne et mi cerf-mi cheval, il rumine avec appétit.
Les enfants sont très excités par cette rencontre et ultra motivés pour marcher à la rencontre d'autres bestiaux.
La lucarne est un point de vue sur le Mont Albert, où est installé un belvédère sur lequel nous prenons notre pique nique, à la fraîche mais aussi à la hauteur de la cime des arbres. C'est magique.
En redescendant sur la terre ferme, et en trappeurs désormais aguerris nous traquons le crottin et les traces d'orignal. C'est que ça défèque beaucoup cette bestiole là.
Son pelage gris le dissimule bien dans les broussailles et parmi les troncs. Il aura fallu les petits yeux de lynx d'Amélie pour le trouver.
Très heureux d'avoir enfin accroché ce trophée dans notre tableau de chasse, nous repartons vers la côte du Golfe du Saint Laurent.
A Mont St Pierre, nous voyons dans la baie un petit rorqual.
Nous pouvons sereinement nous mettre en quête d'un endroit où poser nos valises pour la nuit.
Le hasard nous conduit chez Mme Minville, propriétaire du Gite des Neiges à Mont Louis.
Cette veuve qui a eu 3 enfants et 6 petits enfants est heureuse de nous ouvrir sa charmante maison datant de 150 ans. Nous y amenons beaucoup de vie et son accueil est aussi chaleureux que la nuitée est peu dispendieuse.
Si un jour vous devez passer en Gaspésie, ne manquez pas de la saluer, vous adorerez sa gentillesse et son petit déjeuner gargantuesque !
Pour ses paysages à coupe le souffle, pour ses orignaux et pour la gentillesse de ses habitants, une grande hola pour la Gaspésié !!
Mercredi 5 mai
Nous quittons à regret Mme Minville qui nous a brièvement décrit Mont Louis.
Bourgade de 800 habitants, il y a peu de travail hors la transformation du saumon pêché en haute mer. L'usine Atkins employe la majorité des habitants quand ils ne sont pas saisonniers dans le tourisme.
L'arrêt au comptoir de vente d'Atkins est dès lors obligatoire et le fumet du saumon chatouille les narines dès le parking. Voilà qui constituera un excellent sandwich !
A Rivière du Renard, petit port fort actif, nous faisons halte à la poissonnerie Marina qui vend du homard bouilli à 7 $ les 500 grammes, ce qui nous laisse assez songeurs quant à son prix à Paris...et nous met l'eau à bouche...
L'objectif du jour est d'entrer dans le parc national du Forillon.
Nous sommes chanceux de croiser un employé qui range ses dépliants et cartes à l'entrée du parc. Prêts pour y circuler.
Le parc englobe la pointe Est de la péninsule de Gaspé. Le bout du monde ici s'appelle le Cap Bon ami et est connu pour ses colonies de fous de Bassant.
Nous en apercevons des milliers qui tournoient au dessus d'une eau turquoise. Ils décrivent sans cesse des cercles concentriques. Le spectacle est saisissant et ininterrompu.
Autour des fous, il y a également des cormorans, des goelands et des petits pingouins.
Les AVA sont aux anges, leur bestiaire s'agrandit d'heure en heure.
Le long de la route, nous apercevons des porcs épics tout patauds qui viennent chercher la seule nourriture disponible en ce moment : de l'herbe.
Et quand le porc épic a peur, il hérisse bien sûr ses pics mais il monte aussi aux arbres !
Lorsque le soleil se couche, les animaux se promènent dans le parc à la recherche de nourriture.
C'est alors que le festival commence : deux oursons paissent à l'orée des bois, un ours broute dans une prairie, un couple de castors font des va et vient entre leur hutte et les extrémités de leur immense mare, une marmotte nous montre son terrier et un orignal se plante au milieu de la route.
Côté mer, la fête continue avec un petit rorqual qui nage à 30 m de la côte et dont le bruit du souffle a attiré notre attention.
Il fait nuit quand nous nous décidons à quitter le parc avec des enfants émerveillés.
Il ne manque plus que la vision d'une grande baleine.
Il n'y a pas d' hébergement possible avant 30 kms et nous sommes contents de trouver le gîte du Loup Marin, à Cap aux Os.
Bienvenue chez André ex-niçois qui y a posé ses valises il y a 6 ans, après un grave accident de moto en France.
Il accueille déjà deux françaises et nous ouvre maison et table pour la nuit. Ce soir rôti d'élan et histoires d'ours dans les bois : ne jamais laisser de pâte dentifrice dans sa tente et accrocher sa nourriture avec une corde en haut d'une cime, et toujours loin du campement.
Autant d'anecdotes dont raffolent les touristes et que Dédé distille avec talent.
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