Elle se plante droite depuis près de 40 ans face à une gare. Elle a vu passer des millions de personnes, à ses pieds et en son seing.
Ses ascenseurs sont vétustes, grincent et ne diffusent pas de musique. Mais ils sont six afin de desservir les 15 étages et y distribuer les nombreux travailleurs qui pénètrent en masse aux alentours de 9 heures et la quittent aussi nombreux vers 18 heures.
Voilà près de 3 ans que je m'y rends pour justifier mon salaire. J'y joue les cadrettes fans de Poulidor.
Je pratique ces élévateurs au moins 4 fois par jour, parfois davantage.
L'éclairage y est sinistre, 2 parois sur 4 sont ornés de grands miroirs qui renvoyent l'image chiffonnée d'employés stressés et tassés dans cet immeuble de grande hauteur.
Ici le taux de suicide sur le lieu de travail est nul : parce que les fenêtres teintées en noir ne peuvent s'ouvrir.
Elle porte un long gilet beige, des leggings noirs, des bottes assorties. Ses longs cheveux blonds sont bien lissés.
Elle s'est maquillée et habillée afin de paraître plus âgée et pour se donner de la contenance.
Gabrielle a 20 ans à peine et est étudiante en contrat de qualification.
Durant deux ans, elle se rendra au 6e étage de cette tour afin de s'immerger dans une entreprise.
Anthony a 31 ans et vit à Nantes. Il est consultant en informatique et sa vie est remplie de missions en dehors de sa région.
C'est un garçon élégant qui aime la mode et les costumes cintrés.
Il aimerait partager son rare temps libre avec une jeune femme plutôt qu'avec son ordinateur.
Depuis un an, il vient régulièrement au 13 étage de cette tour rendre compte à l'un de ses clients importants.
Ce soir sa réunion hebdomadaire a été écourtée.
Après avoir vérifié sur son smartphone l'horaire du prochain TGV vers l'Ouest, Anthony file vers la rangée des six ascenseurs. Il saute dans le premier qui se présente et peste intérieurement contre la foule qui s'y presse.
Une sonnerie tinte à chaque stop et l'appareil fait l'omnibus : Ting ! Ting !
- 11e une autre SSII, montent deux costumes noirs, avec leurs portables en besace, et un mobile greffé dans chaque main. La même panoplie qu'Anthony. Il salue ses clones.
- 8e une agence de communication : nouveau chargement de marques fashion et haute technologie.
Ting ! L'ascenseur s'arrête à nouveau.
Il est 18.00.
J'ai quitté mon bureau depuis quelques minutes pour vivre ma vie de maman.
Dans toutes les écoles parisiennes retentit la cloche de la fin de journée.
Les remplaçants de Jules Ferry libèrent mes minis fauves et c'est en rugissant que nous regagnons en tribu le 177.
Dans ma tour noire, l'élévateur a stoppé au 6e étage. Y entre un ange blond éclairant la forêt de costumes gris et noirs.
Anthony est au fond à gauche, il est obligé de se tortiller pour repérer le niveau.
Grâce aux miroirs, il peut apprécier la demoiselle aux longs cheveux blonds. Impossible de l'aborder, un uniforme rayé et deux cartables séparent les deux jeunes gens.
Ting - Déjà le rez de chaussée.
Les portes s'ouvrent et libèrent ces hommes et femmes pressés de rentrer chez eux.
La jeune fille se dirige prestement vers la sortie, traverse la rue et s'engouffre dans le métro.
Anthony a trop hésité pour lui demander son nom.
Les leggings et les bottes noires disparaissent. Et il doit rentrer à Nantes.
Il revient à l'accueil et s'enquiert du nom de la société qui occupe le 6e étage. Il s'agit de la grande A.
Dans le train, l'image de la chevelure dorée le taraude. Il ne peut se résoudre à attendre sa prochaine venue pour connaître son nom et la contacter.
La grande A doit bien avoir un site internet. Hélas il n'y trouve pas de photographie des employés.
De moteur de recherche en réseaux sociaux, il essaye longuement de retrouver la trace de la jolie demoiselle.
Alors que je n'étais pas dans cet ascenseur, c'est à l'insu de mon plein gré que je rentre dans le champ d'action.
Pour densifier mon réseau professionnel je suis inscrite sur un réseau social dédié. Anthony y dégote mes coordonnées et me demande courtoisement par mail de l'aider.
Il s'excuse de sa démarche et me décrit rapidement celle que je devine être Gabrielle.
Je n'ai aucun mérite car dans cette grande A, il y a peu d'anges blonds et beaucoup de vieilles biques.
Le lendemain, tel le Saint Bernard des youngs and celibs, j'adresse un mail à la demoiselle et lui fournit une photo du jeune homme issue de son CV en ligne en lui demandant si elle s'en souvient.
Elle revoit la forêt grise et noire qui remplit fréquemment l'ascenseur, hésite et fouille dans ses souvenirs.
Piquée dans sa curiosité elle m'interroge sur la finalité de ma requête. Je lui expose la recherche d'Anthony, lui donne ses coordonnées électroniques et lui indique que je ne communiquerai au jeune homme ni son nom ni son téléphone.
C'est à Gabrielle d'écrire maintenant la suite ou de siffler la fin de cette drôle de rencontre.
sqfdqsdsq
RépondreSupprimerhahaha excellent... ! ca fait tres scenar de film a la amelie poulain ! trop fort n'empeche. Tu vas etre tenue au courant ou pas ???!!!
RépondreSupprimerLa suite est en train de se dessiner...
RépondreSupprimernonnn ? rho... j'adore ! j'espère qu'on aura la suite ??????
RépondreSupprimerEn Mme Claude, t'es pas Poulidor :-D
RépondreSupprimerquoi de neuf???????????????????
RépondreSupprimerLe fameux billet !! MAIS PUTAIN, c'est HYPRA BIEN ECRIT, j'adore! ET LA SUITE ???putain t'es super douée! ENCORE ENCORE ENCORE J ADORE J ADORE J ADORE!
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