dimanche 4 octobre 2009

Géraldine

Souvent lors de mes séances aquatiques, je pense à elle.



C'est la rentrée du Lycée Français de Tananarive, nous avons 15 ans et notre rencontre a lieu en salle 201.
Le professeur de français fait l'appel et un nouveau nom émerge. Géraldine G.

Elle arrive d'Abidjan.
Ses cheveux sont blonds comme la paille et ses boucles cachent à peine un visage dynamique d'où ressortent deux billes bleues pétillantes.
Elle est mince avec le corps ferme des vraies sportives.
Son habillement classique détonne parmi la nuée d'adolescentes qui se croient toutes vêtues à la dernière mode.


Comme toutes les nouvelles élèves, Géraldine reste un peu en retrait de la trépidante vie du Lycée durant quelques jours.

Son père officie pour la Commission Européenne, aussi la jeune fille a pris l'habitude de s'adapter tous les 3 ans à des environnements différents.
Elle observe ce microcosme de jeunes expatriés qui se développe pareillement à Abidjan, Prague ou Tananarive. Enfants de milieux aisés qui ignorent pourquoi leurs parents ont été appelés à faire de la coopération dans ce pays.

Elle se moque de savoir si elle sera invitée à la prochaine boum.
Peu importe qu'elle n'ait pas d'amie avec qui partager ses jeudis après-midi et ses week ends.
Géraldine se concentre sur des activités sportives et individuelles. Excellente cavalière, elle est aussi une nageuse émérite qui laisse sur place les succédanées de sirènes que sont mes copines.

Rapidement, les succès sportifs de Géraldine s'ébruitent. Concours équestres et compétitions de natation la font monter au firmament des vedettes du Lycée.
Elle gagne l'amitié des midinettes par son aisance naturelle, décomplexée de la volonté de charmer.
En classe de première à l'occasion d'une classe découverte, elle m'apprendra à faire les lits en portefeuille et depuis l'année de terminale, c'est grâce à elle que je sais tourner correctement les bras pour le crawl.


1990.
Je la retrouve par hasard rue d'Assas. Nous partageons un café, nos souvenirs et nos projets.

Confinée dans une chambre d'étudiante de 6 m², loin de son cheval, elle continue de galoper à sa façon. Etudiante en géographie, elle se soucie davantage du devenir de l'Humanité que de la prochaine soirée festive.
Elle envisage de passer son été au Malawi dans un projet d'alphabétisation. Elle aimerait aussi emmener les enfants à la mer et leur apprendre à nager.
Je ne nage plus et je vais travailler comme hôtesse d'accueil pour me payer un mois en Algarve entre plages et boîtes de nuit.


C'est durant cet été qu'elle a rencontré l'homme de sa vie au fin fond de l'Afrique.
Depuis, elle s'appelle Soeur Géraldine.

3 commentaires:

  1. Mais quelS portraitS tu nous fais ?? Je T'ordonne D'ECRIRE! c'est tout bonnement absolument EXCELLENT! et tu me connais ? hein ? j'n'ai pas pour habitude de flatter si c'est pas sincère et honnète!

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