mardi 17 août 2010

Chronique d'un bébé annoncé (Parents grade 4 : niveau experts ?)


Lundi 26 juillet 2010 - Presque 39 semaines d'aménorrhée (sur 41 théoriques)

J'ai pris 11 kgs et bien que les grosses chaleurs soient loin, j'ai les mains comme des knackis, les mollets et les chevilles soudés comme des poteaux et les pieds comme des rôtis. Médicalement, cela s'appelle des œdèmes.

Cela fait quelques semaines que je n'arrive plus à me lever du lit mais que j'en sors en roulant au plus grand plaisir de Super Popa qui ne manque pas une occasion pour se  gausser.

Voici près d'un mois que je suis en congé maternité et que les enfants sont à la mer.
Pas d'enfant ex utero, et bientôt 3 jours que je suis sans mari.
Un interstice de dolce vita, célibataire sans enfant visible, ni maman ni femme de.

Je limite mes sorties un jour sur deux pour éviter d'accoucher mère célibataire. Malgré cela, quelques séries de contractions ponctuent les fins de journées où je me suis permise une ballade.
Malgré tout, ces contractions arrivent à point, je n'ai qu'une hâte : ACCOUCHER !

Je m'active à organiser, ranger, bref je nidifie...sous les effets de l'ocytocine qui doit faire des bonds.

La rentrée scolaire n'aura jamais été aussi bien préparée, les cartables attendent leurs futurs propriétaires sur leurs pupitres respectifs et les fournitures scolaires ont rempli les placards.

Le dressing de bébé est complet aussi grâce aux vêtements donnés par une foultitude de copines qui ne veulent plus d'enfant mais avaient gardé des garde robes très fournies au cas où...Idem pour les articles de puériculture, nous investissons uniquement dans un lit parapluie, un lit à barreaux et un porte bébé !


Jeudi 29 juillet 2010 - Visite de contrôle à l'hôpital

J'ai choisi cet établissement pour l'accouchement car il est situé à 5 mns à pied de notre domicile.
Avec mon volume et mes pieds presque bots, mon parcours prend ce jour plus de 10 mns.

La sage-femme m'annonce que le col est "ramolli" mais fermé. Ce n'est pas tout à fait ce que j'espérais entendre...
Pour finir de me miner le moral, elle me fixe rendez-vous pour le 10 août en concluant l'examen par un ferme et tranchant "Ce n'est pas pour de suite, rappelez-vous que votre terme théorique est le 17 août".
Au secours. 
Soit je l'étripe soit je me pends. J'opte pour l'assassinat gourmand d'un poulet tandoori.


Vendredi 30 juillet 2010 - Parents depuis 9 ans

En attendant l'arrivée de ma tribu à la Gare du Sud, je fais un saut de baleine dans ma tour...et me lamente auprès de mes collègues de ma délivrance qui tarde à venir. Je prends conscience de mon esprit totalement déconnecté des problèmes professionnels qui leur semblent insurmontables, et me paraissent tellement superficiels ...

Le TGV arrive avec mes amours couleur caramel. 
Qu'ils sont beaux.  
Comment sera la Quatrième ? Yeux bridés ou de grandes billes ? Cheveux lisses ou bouclés ? Petit ou grand format ???
Les futurs "grands" sont heureux que leur petite soeur ne soit pas encore là.
Je suis inondée de "Maman je t'aime, Maman tu m'as manqué", vite balayés par certains mauvais traits de caractères qui sont eux aussi revenus.

Nous soufflons les 9 bougies de notre grrrrrrrrrande fille. Happy day. Je ressors des limbes de mon ordinateur le récit de notre première graduation de parents .

Lundi 2 août 2010 - Ballade à 5 et un énorme bide

Après un week-end de réinstallation des brigands, nous entamons une petite virée parisienne en famille, bien modeste en terme pédestre par rapport à nos habitudes de grands marcheurs.
Je finis la promenade assez fatiguée, la soirée est rythmée de contractions, mais rien d'alarmant.


Mardi 3 août 2010 - Minuit l'heure du crime.

Les contractions sont quand même bien rapprochées ! Toutes les dix minutes puis toutes les cinq minutes.
Fausse alerte ou pas ?
Un signe ne trompe pas : elles persistent malgré la prise de cachets sensés les ralentir, et continuent au delà d'une heure.

A 2 heures 15, je me décide à sonner le branle bas de combat :
Defcon 1 : finir la valise pour la maternité id est, y mettre appareil photo et camescope.
Defcon 2 : appeller Ong Ngoai et Ba Ngoai en supers AVA sitters de nuit
Defcon 3 : extirper le géniteur du lit conjugal, qui fait écho "Mais t'es sûre là ? tu  ne pourrais pas accoucher de jour pour une fois ?"
Nos trois enfants dorment à poings fermés. Ils vont passer inconsciemment au statut de "grands".

Mes parents sont là en à peine vingt minutes.
Les contractions commencent à être fortes, je ne battrai pas le record domicile-hôpital à pied, aussi mon père nous embarque en voiture.
Un drop plus tard, me voilà à traîner mes rôtis jusqu'à la maternité. 
Je suis obligée de m'arrêter à chaque contraction. Je ne me souviens pas d'avoir eu aussi mal pour les autres enfants.

Je pensais être bien expérimentée avec mes trois parités précédentes. Et bien non.
J'ai travaillé jusqu'au bout, au lieu d'être arrêtée pour raisons médicales dès le quatrième mois  ; j'ai beaucoup marché au lieu de devoir rester alitée ; et je me suis sentie en forme jusqu'à cette nuit.
En fait rien n'est pareil avec cette grossesse.

Mais ça contracte sérieusement maintenant et il va me falloir contrôler un peu les choses si je ne veux pas accoucher dans un couloir. Super Popa est inquiet de nos déambulations nocturnes dans les couloirs de ce grand hôpital parisien. Allons-nous un jour arriver aux portes de la maternité ?

Entrée enregistrée à 2.45.
Illico presto démarrage des contractions violentes. Je n'y comprends rien : pour les AVA celles-ci n'avaient commencé qu'après percement de la poche des eaux par les sages femmes. J'inspire et expire lentement afin de détourner mon esprit de la douleur. Celle-ci est parfois tellement prégnante que les respirations ne vont pas me soulager longtemps.

Les dames m'examinent : le col est ouvert à moitié et à mon insu, sans prévenir, la poche se fissure lentement...et cela explique pourquoi je souffre le martyre.

D'une salle de consultation ordinaire, je suis transférée dans une salle d'accouchement où je suis rapidement perfusée à gauche, monitorée sur le ventre et surveillée avec tensio/frequençomètre à droite.
Nous n'avons donc pas rêvé toutes ces semaines : nous allons bel et bien avoir un bébé dans quelques instants.

La salle d'accouchement est très fraîche, et les chaises pour les accompagnants sont inconfortables aux dires de Super Popa. Je suis invitée par mon cher époux à accoucher rapidement (A : 2 heures, V : 2 heures 30, A : 3 heures...qui a dit que "plus on a d'enfant, plus vite on accouche").

Deux capteurs surveillent les battements de coeur du bébé et deux autres mesurent l'intensité des contractions.
Les premières qui me font sursauter affichent une intensité de 40. Je me demande quelle est l'amplitude possible.
Je m'enquière de la venue de l'anesthésiste qui arrive dans la demie heure. Il fait sortir Super Popa pour introduire le cathéter dans le bas de mon épine dorsale. Je ne vois pas la chose, mais je sens qu'elle doit être assez longue et impressionnante.

Le liquide anesthésiant est froid, je sens très bien son écoulement dans mon dos et je suis maintenant équipée d'une mini pompe pour gérer moi-même les doses injectées.
Je m'achemine petit à petit de la rampe du supplice au nirvana.

Super Popa est revenu et s'impatiente, sa fille se ferait-elle désirer ? Nous dépassons la durée de l’accouchement d’Antoine (3 heures).
Progressivement les contractions augmentent en intensité mais seuls les capteurs me permettent de m'en apercevoir. La péridurale agit très vite. 
Le monitoring annonce désormais des mesures à 70 et je les ressens légèrement. Ces produits relèvent du miracle et l'anesthésiste est désormais mon meilleur ami.

Le premier revers de la médaille est qu'au fur et à mesure des auto-injections , le bassin et ma jambe gauche seront de plus en plus difficiles à mouvoir.
Le second effet kiss cool est que le travail est ralenti par la péridurale, puisque l'organisme endolori ressent moins le besoin d'expulser l'enfant.

Dans la salle de naissance mitoyenne, une autre accouchée blasphème et hurle. Visiblement pas de péridurale pour Madame et aucune maîtrise de sa douleur. C'est horrible.
Pendant que cette inconnue beugle, je suis de plus en plus ramollie et mon Super Popa aussi.

Hors les picotements de la perfusion et le tensiomètre qui comprime toutes les 5 minutes l'andouille qui me sert de bras droit, je pourrais presque m'assoupir.
Cependant vers 6 heures, je préviens les sages femmes que je sens le bébé arriver. Elles m'examinent et me re-examinent et m'indiquent qu'il reste encore une partie de la poche des eaux et qu'il vaut mieux la laisser percer d'elle-même.

Et puis elles se ravisent car le col est bien effacé. Elles restent très calmes, rassurantes et professionnelles.
Elles préparent tout pour la sortie de notre mini Messie, finissent de percer la poche et c’est parti, le bébé sera là dans quelques instants car sa tête pointe déjà.

Deux poussées en douceur. Moment incroyable de sérénité.

6.33 Margot est dans la place.





Margot - 3 Août 2010


2 commentaires:

  1. Bienvenue à Margot !
    Alors, combien de temps au final ? Je suis bien infoutue de donner une durée pour mes accouchements, ça m'épate/m'éclate toujours, ce genre de récit avec tous les détails chronologiques !

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